vendredi 14 octobre 2016

RECTIFIONS ! avec les commentaires d'ODILE FILLOD

En découvrant cet article, tout d'abord : joie ! youpi ! on parle de mon meilleur ami puis vint la lecture et quelle déception de lire autant d'erreurs qui n'ont plus lieu d'être.
Je me permets donc de corriger en rouge selon les connaissances scientifiques disponibles à cette heure. 

J'ajoute le 16 octobre ci dessous les commentaires de Odile Fillod  chercheuse indépendante en sociologie des sciences et spécialiste des questions de sexe/genre. Merci sincèrement pour ces précisions :-)




Comment marche le clitoris, l'organe du plaisir

par Charlotte Tourmente, Médecin, psycho-sexologue et journaliste pour Allodocteurs.fr pour le HuffingtonPost le 12/10/16

Souvent boudé par les hommes, le clitoris a longtemps été ignoré par les chercheurs et les médecins. Depuis une quinzaine d'années, les connaissances progressent sur l'organe du plaisir et plus largement, sur la jouissance féminine. Coup de projecteur sur le clitoris...


Rappelons que le clitoris est connu depuis l’antiquité grecque. Les anatomistes européens l’ont redécouvert au milieu du XVIème siècle en proposant alors de nouvelles descriptions sur la base de leur dissection de cadavres. Charles Estienne à Paris, dans un traité d’anatomie publié en 1545 en latin et 1546 en français, puis Realdo Colombo et Gabriele Fallopio à Padoue, dans leurs traités respectifs de 1559 et 1561. Les premières représentations montrant le gland et les longs piliers datent de 1600 (Casseri 1600), et les bulbes vestibulaires sont dans tous les traités d’anatomie de la seconde moitié du 19ème siècle (Kobelt, 1950).
Puis au 20ème siècle, une grande vague d’obscurantisme sexuel fait disparaitre le clitoris des traités d’anatomie. En 1998, l’urologue australienne Helen O'Connell ose briser l’omerta clitoridienne et remet au grand jour les découvertes précédentes. 

Toutes les femmes ont un clitoris, parfois de taille réduite à quelques millimètres ou plus long, mesurant un centimètre ou plus. Il se compose du gland (l'équivalent du gland du pénis), partiellement recouvert par le prépuce , le capuchon. Mais le "petit bouton" que l'on voit n'est que la partie émergée de l'iceberg et cette découverte date de moins de 10 ans ! 
COMPLETEMENT FAUX ! (l'excision totale du clitoris était pratiquée en Europe , on connaissait donc très bien son anatomie complète) 
Il se prolonge par le corps du clitoris, qui se divise en 2 corps caverneux, nommés les piliers du clitoris. Ceux-ci mesurent 10 cm environ , entre 8 et 12 cm selon les femmes et s'attachent aux ischions  et se gorgent de sang lors de l'excitation sexuelle, exactement comme les corps caverneux du pénis. Autre partie : le bulbe, qui est composé d'un corps spongieux et s'accroche à la partie antérieure du vagin.
Lors de l’excitation sexuelle, l’érection du clitoris concerne essentiellement le corps du clitoris, juste derrière le gland, qui se redresse et le rend plus proéminent, donc plus visible et plus facile à repérer au toucher. Le gland se gorge aussi de sang, il devient plus ferme sans vraiment augmenter de taille. Simultanément, dans les structures profondes, les bulbes vestibulaires gonflent. L’érection du corps du clitoris est très variable : des femmes en ont de faibles, peu repérables, alors que d’autres en ont de très prononcées, avec un gland qui se manifeste en s’érigeant dans la vulve. De plus, chez une même femme, l’érection du clitoris peut varier, en fonction de son excitation mais aussi de nombreux critères comme la fatigue.


Le clitoris, le "nouveau point G" ?
La place primordiale du clitoris dans la jouissance féminine n'est plus à démontrer. Mais l'approfondissement des connaissances anatomiques a permis de mieux comprendre son rôle dans le soi-disant point G (qui n'a aucune réalité anatomique) , cette zone du vagin plus sensible aux stimulations. Il ne s'agit pas d'une zone anatomique délimitée sur le vagin,(l'anatomie du vagin et son innervation n'ont jamais été étudiée) mais d'un complexe formé par la paroi antérieure du vagin, l'urètre et le clitoris interne. Donc quand la pénétration fait jouir, c'est bien souvent par stimulation interne du clitoris. En réalité, tous les sexologues s'accordent sur un point : peu importe le mode de stimulation (qu'il s'agisse du clitoris ou du vagin), c'est le plaisir qui compte....

NON !!! Il est très important en consultation de pouvoir nommer ces plaisirs si différents. Nous parlons de jouissance pour exprimer le long plaisir vaginal ou anal comme des vagues chaudes et profondes irradiant l'ensemble du corps et d'orgasme pour décrire cette sensation si électrique montant jusqu'à l'explosion de la tension sexuelle , faisant doubler le rythme de la fréquence cardiaque et provoquant des spasmes réflexes du périnée , chez beaucoup de femmes une phase réfractaire, une tension forte dans les jambes qui se tendent et ou se serrent. 

L’anatomie du clitoris montre une grande innervation du gland, mais les bulbes vestibulaires et les piliers du clitoris ne sont quasiment pas innervés, donc probablement insensibles. Pourtant, ce concept erroné est repris trop souvent, y compris par des féministes. Je pense qu’il s’agit d’une position idéologique qui tente de survaloriser l’orgasme vaginal, donc de sous-estimer l’orgasme clitoridien. Les bulbes vestibulaires sont des structures très érectiles. Lors de l’excitation, ils se gonflent de sang et sont visibles chez certaines femmes, latéralement, dans la vulve juste à l’entrée du vagin. Ce gonflement n’est jamais mentionné comme zone érogène ! Parfois même, ce gonflement est douloureux.

Un organe aimé des femmes mais négligé par les hommes

Les femmes qui se masturbent le savent bien, elles se font jouir à tous les coups ou presque. En revanche, l'orgasme durant le rapport n'est pas systématique, ce qui en frustrent certaines.

Alors qu'il est le moyen le plus simple pour jouir pour la majorité des femmes, le clitoris est souvent négligé par les hommes durant la pénétration. Par peur de ne pas savoir s'y prendre, ou parce qu'ils préfèrent donner du plaisir avec leur pénis, ils se focalisent sur la pénétration. Or stimuler le clitoris avec le doigt (attention, avec douceur et du lubrifiant ... nous sécrétons un lubrifiant naturel grâce aux glandes de Bartholin : la cyprine ou bien il suffit d'un peu de salive sur le bout du doigt ) ou avec la langue est une façon aisée de donner du plaisir à sa partenaire et de la mettre dans d'excellentes dispositions...(pour la pénétration ?...) 

Si les femmes veulent augmenter le plaisir qu'elles prennent durant la pénétration, à elles de choisir les positions qui leur font le plus d'effet, ou celles qui leur permet de se caresser en même temps. C'est le cas de l'amazone (la femme sur l'homme), ou la cuillère (l'homme derrière la femme, les deux étant allongés sur le côté), ou encore la femme allongée sur l'homme (en frottant son sexe comme bon lui semble).

La première étude sur la distance entre le clitoris et le vagin remonte à 1924 : Marie Bonaparte a étudié, sur un échantillon de plus de 200 femmes, la distance entre le gland clitoridien et le méat urinaire. Elle a trouvé une grande variabilité de résultats, de 1,5 à 3,5cm ! Puis elle a comparé, sur un échantillon plus restreint de 43 femmes, la satisfaction sexuelle et la position du clitoris. Celles qui avaient un orgasme uniquement clitoridien présentaient un clitoris trop éloigné de l’entrée du vagin pour être stimulé par le pénis. Elle en déduisit qu’il y avait une relation entre l’éloignement du clitoris et l’anorgasmie vaginale.

Il est possible d'augmenter la sensibilité du complexe cité ci-dessus, ainsi que le plaisir pris durant le coït, en sensibilisant cette zone progressivement. Des travaux pratiques s'imposent, seule (à l'aide du doigt ou d'un stimulateur de point G, plus efficace) ou à deux (doigt du partenaire réalisant un contact appuyé et prolongé sur le "point G" ou positions sexuelles permettant un appui du pénis sur le complexe, comme dans l'amazone lorsque la femme se penche en arrière. 

Il est incontestable que nous sentons bien une zone aux sensations différentes à l'entrée du vagin, anatomiquement elle correspond à la zone de contact de la prostate féminine (M. Zaviacic 2001)

Attention, il ne s'agit pas d'une course à l'orgasme systématique ! Il s'agit simplement de conseils pratiques et informatifs pour augmenter les connaissances en matière de sexualité et potentiellement améliorer votre vie sexuelle. Mais l'orgasme n'est pas un but en soi et ne doit pas le devenir. C'est le plaisir de faire l'amour avec soi-même et ou son, ou sa, partenaire qui compte...


La parole maintenant à Odile Fillod :

 " Le problème essentiel il me semble, c'est de s'entendre sur les termes. Par exemple, ce que vous appelez le gland du clitoris et dont vous dites qu'il se gorge de sang lors de l'excitation sexuelle ne semble pas correspondre à ce qui est appelé gland dans la littérature scientifique, et qui est justement la seule partie du clitoris qui n'est pas érectile. Cf l'image ci-jointe.
Autre exemple : la notion d'érection du clitoris. En principe, cela désigne l'engorgement des corps caverneux (cc) du clitoris se traduisant par une augmentation du volume et un durcissement (les veines se retrouvant coincées contre la tunique albuginée : c'est comme pour le pénis). En ce sens, le corps du clitoris est érectile mais ses piliers le sont aussi aussi (seul son gland ne l'est pas). Mais vous semblez désigner par "érection" le fait que le clitoris se redresse. Dans ce cas, ça ne peut concerner (le cas échéant) que la partie du clitoris qui se trouve entre son genou et le gland - le reste étant attaché aux os ischion-pubien et ne pouvant pas bouger).

La mention par C. Tourmente de l'engorgement des bulbes lors de l'excitation sexuelle est également correcte. Ci-joint une image issue d'un autre article scientifique assez récent, dans laquelle on voit à gauche un morceau de bulbe (fonctionnant comme les corps caverneux du clitoris sauf qu'il n'y a pas de tunique albuginée autour), et à droite un morceau du muscle bulbo-spongieux qui le recouvre.



Sinon, au sujet de l'innervation du vagin il existe quand même des travaux. Ainsi, Hilliges et al (1995) l'a étudiée au moyen d'un marqueur de présence de cellules nerveuses (le PGP 9.5) sur des échantillons de biopsies du paroi du vagin de 6 femmes. D'après ce marqueur, il y avait : 1) des terminaisons nerveuses libres dans l'épithélium (qui sont en général des nocicepteurs) uniquement au niveau de l'orifice du vagin (ce qui corrobore l'idée commune selon laquelle l'intérieur du vagin est grosso modo insensible) 2) une innervation plus dense de la paroi antérieure du vagin que de la postérieure, et dense surtout dans des zones riches en vaisseaux sanguins (et comme les auteurs le soulignent : "Naturelle, most of the vascular innervation may be of autonomic origin, thus related to blood pressure control and/or vascular permeability.") 3) aucun corpuscule de Pacini, ces récepteurs dont on pense qu'ils jouent un rôle clé dans le plaisir sexuel et qu'on trouve a contrario en abondance dans le clitoris (et pas seulement dans son gland ;))

Et toujours sur l'innervation du vagin, il y a aussi Pauls et al (2006). Ces auteurs ont utilisé un autre marqueur (le S100), sur des biopises de vagins de 21 femmes. Ils n'ont quant à eux trouvé aucune différence significative de la densité d'innervation (ni entre parois postérieure et antérieure, ni selon que la partie proximale ou distale était considérée), notant seulement une tendance du fond du vagin à être un peu moins innervé que ses parois postérieure et antérieure). Par ailleurs, ils n'ont pas trouvé de corrélation entre les nombres de nerfs et les réponses des patientes à un questionnaire sur leur fonctionnement sexuel (excitation, orgasmes, etc). On ne peut tirer de conclusions définitives ni de cette étude, ni de celle de 1995, mais elles donnent néanmoins quelques indications. Je chercherai s'il y en a de plus récentes."

à suivre ... 

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