jeudi 30 janvier 2014

ENQUÊTE

En association avec Jean-Claude Piquard , nous réalisons une enquête internationale :
L’orgasme est-il un processus physiologique identifiable ?
La définition actuelle de l’orgasme est : "point culminant de plaisir" , une définition qui fait référence au seul ressenti subjectif. 
Il semble que tous les plaisirs sexuels n’aboutissent pas à un orgasme, comme par exemple le long plaisir vaginal. Cette étude permettra d’avancer dans la compréhension des différents processus des plaisirs sexuels. Certains plaisirs sont sous contrôle parasympathique (système neurovégétatif ralentisseur) comme pour l’homme, avant l’éjaculation, qu’en est-il pour la femme ?

Une meilleure connaissance du processus de l’orgasme sera un apport pour la science. Cela permettra peut-être d’identifier d’autres plaisirs sexuels, différents de l’orgasme et tout aussi importants. Ce nouvel éclairage aura probablement de nombreuses implications dans les thérapies sexuelles.

La consultation de la littérature ne nous éclaire pas vraiment. Hippocrate comparait l’orgasme à une crise d’épilepsie. Puis, à partir de 1550, après que Colombo ait décrit l’anatomie du clitoris et l’ait désigné comme l’organe du plaisir féminin, le terme le plus employé est : "spasme vénérien" , pour l’homme comme pour la femme. Ces expressions évoquent un événement court avec des spasmes.
Le mot orgasme est apparu dans la langue française au début du 19ème siècle, il a surtout été vulgarisé par Freud lorsqu’il a inventé le terme orgasme vaginal (1905).


A partir de 1950, Masters et Johnson étudient les réactions sexuelles humaines. Ils observent dans leur laboratoire 694 couples et près de 10 000 orgasmes. Ils sont les premiers à décrire le processus de l’orgasme masculin et féminin, avec des spasmes pelviens qui peuvent s’étendre à tout le corps. Ces spasmes sont la résultante d’un orage orthosympathique (système neurovégétatif accélérateur) avec les signes physiologiques associés :
- La fréquence respiratoire augmente, passe de 14 respirations par minute au repos à un maximum de 40.

- La tension artérielle, autour de 130 mmHg au repos, augmente brutalement au-dessus de 200.
- La fréquence cardiaque, autour de 65 battements par minute au repos, passe brutalement au-dessus de 130, pouvant atteindre, chez certains sujets, des pics à 180. 
- La peau présente des rougeurs sur le torse, le visage …
- Les pupilles se dilatent.

Récemment, l’imagerie cérébrale permet d’identifier des zones impliquées dans le plaisir sexuel. Mais, en l’absence de définition cohérente de l’orgasme, il est difficile de savoir si ces études scannent le bref orgasme ou d’autres plaisirs sexuels, comme le long plaisir vaginal.

Nous faisons l’hypothèse que le brutal doublement de la fréquence cardiaque est le signe clinique probablement le plus constant et mais aussi le plus facile à objectiver.

Une première collecte informelle d’une vingtaine de résultats corrobore le brusque et court doublement de la fréquence cardiaque, tant, lors de l’orgasme-éjaculation de l’homme que lors de l’orgasme d’origine clitoridienne pour la femme. Nous avons un enregistrement d’un holter cardiaque permettant de voir cette brève accélération cardiaque. Etrangement, le cardiologue l’a identifié comme un bug, il est même resté sceptique aux dires de la patiente, ce qui montre à quel point les travaux de Masters et Johnson sont largement méconnus actuellement.

Afin de confirmer ces résultats, nous souhaitons étendre les mesures à toutes les zones érogènes susceptibles de déclencher un orgasme PLAISIR SEXUEL : l’ensemble du vagin, le point G, le col utérin, l’anus, les mamelons, ...


Comment participer à l'enquête ? 
Appareils de mesure :

Du fait de l’intimité de la survenue de l’orgasme, qu’il s’agisse de pratique solitaire ou partagée , nous vous proposons d’utiliser des systèmes de mesure avec enregistrement de préférence que vous utiliserez de manière autonome :

 - Cardiofréquencemètre de sportif (ceinture thoracique +    bracelet récepteur) premier prix 20 € en lecture instantanée. 
 - Version pour Smartphone (ceinture thoracique + réception sur Smartphone) avec enregistrement, à partir de 30 €. 

Les cardiofréquencesmètres sont déjà nombreux chez les sportifs qui pourront donc participer plus facilement à l’enquête. Pour ceux qui n’en ont pas, vous pouvez en acheter, la dépense est modérée, vous pouvez vous organiser par petit groupes d’amis.  

Nous étudions un partenariat avec un fabricant.



Vous souhaitez participer à l'enquête ?

cliquer ici : inscriptions sur le site   
Vos commentaires sont vivement souhaités

mardi 14 janvier 2014

LA VIOLENCE EST UNE CONSTRUCTION !

Non, Les hommes ne sont pas violents depuis le début du monde !

Un excellent article de Jocelyne Robert , sexosophe (quel joli mot) et auteure. 

« La pornographie existe depuis toujours. Depuis que le monde est monde. »

C’est en entendant André Champagne faire cette affirmation, que je cite de mémoire, sur les ondes de Ici Radio-Canada, il y a quelques semaines, que j’ai eu l’idée d’écrire ce billet. Nonobstant le respect que je voue à l’historien, je me suis demandé d’où venait cette certitude : « Ah bon… Où sont donc les traces dans les grottes alors ? ». J’ai posé ma question, via le site de l’émission (Medium Large ) et également içi et là sur les médias sociaux. Aucune réponse ne m’est parvenue.

Vous comprendrez, j’en suis certaine, que l’idée ici n’est pas de mettre quiconque en tort mais plutôt de questionner, en cette période de l'année où on se souhaite paix et amour, des idées reçues désespérantes, navrantes, et sans réel fondement:

- La violence et la guerre sont au cœur de la nature humaine. On ne changera  pas l’homme… 

- Le viol et les agressions sexuelles de femmes et d’enfants ont toujours existé et existeront toujours…

- La pornographie et l'exploitation sexuelle des femmes sont là depuis le début du monde…

À force d’entendre de telles sentences, sorties tout droit de la tête des anthropologues du 19e siècle, on a fini par y croire mordicus. Par expliquer le monde à travers elles. Par s’avouer défaits et défaitistes.

La violence n’est pas « naturelle »

Or, la violence n’est pas naturelle. L’agressivité, nécessaire à la survie, l’est. La violence est un dérapage, une construction. La thèse voulant que l’humanité ait toujours été en guerre est de plus en plus souvent contestée par des spécialistes de la préhistoire. Marylène Patou-Mathis, préhistorienne du Musée national d'histoire naturelle de Paris, déboulonne ce mythe avec brio et érudition dans son récent ouvrage: Préhistoire de la violence et de la guerre.

Elle montre qu'aucune trace de guerre n’existe dans la préhistoire de l'humanité. Nulle trace de guérillas entre les groupes, nulle preuve de massacres de masse n’ont été observées avant le Néolithique, cette période marquée par de profondes mutations techniques et sociales liées à la naissance d’une économie de production. C’est donc à partir du Néolithique seulement, qu’on peut noter des scènes de violence dans l’art pariétal.

Ce serait donc, en toute logique, l’arrivée de la production, de l’accumulation, puis du stockage qui aurait bouleversé l’ordre des choses. Les systèmes guerriers se seraient mis en place dès lors que l’on commença à hiérarchiser les surplus. La notion de «transmission des biens» faisait son apparition, initiant le passage d’une structure matrilinéaire au système patriarcal qui subsiste encore de nos jours.

Les déesses de l’ère paléolithique, Vénus de Willendorf (en image) et autres sublimes et opulentes mater materia, sont alors détrônées au profit des divinités masculines qui naissent et fourmillent désormais.


Bien sûr, on peut trouver quelques traces de sacrifices rituels d'individus. Mais jamais de vestiges de luttes de territoires ou de batailles pour conquérir des possessions puisque le chasseur-cueilleur-collecteur d'avant le Néolithique n’accumulait rien. Chez lui, l’empathie, la coopération et le partage semblaient régner bien davantage que l’égoïsme et l’affrontement.

Pour Patou-Mathis, il est clair que c’est l'évolution sociale (si tant est qu'on puisse, dans ce cas-ci, parler d'évolution) qui a été un détonateur puis un catalyseur de violence. Elle conteste aussi énergiquement, l’idée voulant que Cro-Magnon aurait anéanti le Néandertalien. Raison : là non plus aucune trace d’affrontement n’a été retrouvée. Ni dans les ossements et squelettes répertoriés, ni dans les dessins rupestres.

La violence sexuelle n’est pas naturelle.
Le même raisonnement vaut pour les violences sexuelles, viols et agressions sexuelles de femmes et d'enfants : zéro trace de semblables dérapages avant leNéolithique.

Quant à la pornographie, elle n’existait vraisemblablement pas. Du moins, pas dans les termes violents et dominateurs qui l'ont caractérisée, sans cesse plus fortement, jusqu'à nos jours ( gang bang, viol, viol collectif, éjaculation faciale, triple pénétration etc etc) . Les représentations de corps de femmes nues au sexe offert ou ceux de déesses fécondes aux seins admirables et immenses n’ont rien de pornographique. Pas plus que ces illustrations de mâles au phallus brandi. La notion de fête et de célébration dominait les scènes de nudité retrouvées bien plus que la volonté de posséder et d'exercer du pouvoir. Si ce sont ces images sexuelles ou de nudité que certains qualifient de pornographie, une discussion s’impose.

Alors d’où nous vient cette idée d’une violence constitutive de l'homme ?
Comme je l’ai évoqué au début, cette pensée se serait insinuée en nous, fécondée par les théories anthropologiques spéculatives du 19e siècle. Les connaissances et récoltes sur la préhistoire n'étaient pas celles d'aujourd'hui. Les savants de cette époque, soit créationnistes, soit fraîchement évolutionnistes classaient les hommes préhistoriques au rang des barbares-cannibales-guerriers. Et puis, toute cette chimère aura été nourrie par l’imaginaire collectif, les romans, les œuvres de fiction mettant en scène, de façon systématique et péremptoire, des êtres humains préhistoriques enragés, dangereux et violents.

Enfin, l'idée (prétentieuse ?) ou le désir de croire en une évolution positive de l'être humain régnait, et règne toujours. Comme si , la société humaine actuelle devait, forcément, s'être bonifiée, être meilleure que sa précédente…

Souhaits de l'an 2014

Pour se souhaiter et atteindre la paix, la bienveillance et la sérénité, peut-être pourrions-nous commencer 2014 en se souvenant que la violence n’est pas incrustée dans la nature humaine. Pas plus dans celle de l'homme que dans celle de la femme.
Ne l'oublions pas: La violence est une construction. Et tout ce qui a été construit peut être déconstruit. Tout. Je nous souhaite la paix. Et l'amour.

samedi 11 janvier 2014

JE TU IL ELLE BANDE !

Est-ce que les femmes "bandent" aussi en dormant ?
Oui ! Nous avons plusieurs érections de notre cher ami Clitoris chaque nuit : 

extrait par Sophie Bramly publié le 8 juin 2013 dans Terrafémina 

Que fait-on en dormant, et quels sont les comportements selon que l'on est homme ou femme ? On sait que les barrières que nous nous imposons tombent pendant le sommeil et que le rêve comble nos frustrations et nos attentes. On sait aussi depuis les années 1960 que les hommes ont des érections pendant la phase du sommeil paradoxal (précisément le moment où l'on rêve). Mais que font les femmes dans les bras de Morphée ?

Depuis que des scientifiques ont fait ces découvertes sur le comportement masculin, ils ont cherché à savoir quel était celui des femmes. Le clitoris est-il également réactif pendant cette phase du sommeil ? La température des organes génitaux est-elle différente ? Qu'est-ce qui change ? Hélas, la partie visible du clitoris étant de petite taille, longtemps, les recherches n'ont porté aucun fruit. Il y une vingtaine d'années, la recherche s'est finalement orientée vers la circulation sanguine. C'est en effet essentiellement un relâchement des muscles permettant un afflux sanguin dans le corps caverneux du pénis qui permet la rigidité et l'allongement de celui-ci. Il apparut donc logique de chercher si les femmes, elles-aussi, « bandent » en dormant.

Or, il se trouve qu'il y a bien un afflux sanguin semblable à ce qu'il se passe lorsqu'une femme est excitée. Ce changement nocturne varie selon les nuits et les femmes ; il peut être à peine perceptible, comme il peut être aussi intense qu'en regardant des films adultes. Comme les hommes, les femmes peuvent aussi avoir un orgasme en dormant, à la suite de rêves érotiques, qu'elles soient, ou non, en mesure de s'en souvenir. Une des explications à cela, serait – pour les hommes comme pour les femmes – que ces rêves, accompagnés d'excitations allant parfois jusqu'à la jouissance, sont une façon pour le corps d'entretenir le tissu des organes génitaux, en apportant l'oxygène nécessaire au travers de cet afflux sanguin.

Ainsi, depuis l'aube de nos civilisations, les hommes, inquiets, n'ont cessé de forger la différenciation des sexes. Mais, dans le sommeil au moins, le naturel revient au galop …

mercredi 8 janvier 2014

CLITERACY / SOPHIA WALLACE :


TOUT CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS VOULU SAVOIR SUR LE CLITORIS
par BLENDED le 12 septembre 2013 sur l'artiste Sophia Wallace retouché par MNL ;-)

Vous remarquerez comme l'intervieweur commence toutes ces questions par "mais" :-(



Cette Américaine fait de l’art. C’est-à-dire, un combat qui se drape d’esthétique.
Sophia Wallace se bat pour faire connaître le clitoris, ce drôle d’animal qui mènerait la femme à l’orgasme à coup sur. Et tout le monde le sait, une femme satisfaite, c’est une femme heureuse . Alors imaginez 3 milliards de femmes heureuses . Mais le clitoris est le dernier grand tabou de notre société. La preuve, cette interview contient 32 fois le mots clitoris, plus que vous ne le lirez jamais en un ou deux ans. Derrière ce mot qui fait rougir se cache des problèmes d’identité, de liberté, de pouvoir et de civilisation. Et surtout, vous aurez ici la réponse à la plus vieille question de l’humanité : existe-t-il un orgasme vaginal ?



Avant de parler de Cliteracy, un mot sur tes travaux précédents qui parlent tous des genres, de leurs différences et de la difficulté à placer une frontière entre eux. " Je pense qu’à la base il y a ce fait personnel : être née dans un corps de femme et devoir gérer toutes les projections sociales qui y sont associées. En quoi mon intelligence, mes compétences devraient dépendre de la présence ou non de testicules entre mes jambes ? Depuis que je suis une petite fille, j’ai expérimenté mon corps comme étant sexualisé. J’ai des souvenirs précis à 6 ans de me faire siffler par des passants alors que je m’amusais dans mon jardin. Et j’ai compris que mon corps pouvait être utilisé contre moi. En plus, en tant que lesbienne, je ne vois nulle part de représentation de qui je suis. Pas au ciné, ni dans la pub, ni dans l’histoire de l’art, je ne me vois nulle part. Je crée donc des images qui comblent ce manque. La masculinité chez les femmes est une chose rare et unique. Magnifique selon moi. Donc, montrer la façon dont, moi, je vois ma partenaire est important. Donner l’opportunité aux gens de voir à travers mes yeux. On a tendance à avoir des représentations trop marquées des genres, des sexualités. Il faut revenir à une identité individuelle.
Nous sommes d’abord des êtres humains."

" Les hommes ne doivent pas pleurer, ne doivent pas être sensibles, sinon on les traite de PD. Ils doivent savoir lire une carte, réparer les choses, et le pire c’est que les femmes participent à ce genre de clichés. Mais pour les femmes, il y a une trop grande méconnaissance sociale de leurs organes génitaux. Chez les médecins, ou pire, dans la bouche de toutes certaines les féministes, il n’y a que le mot « vagin ». Alors que physiologiquement, le vagin n’englobe pas le clitoris. Et les femmes ne le savent même pas. Et tout ça à des conséquences. Imagine un instant la même chose pour les hommes. Que leurs testicules soient fétichisés et que tout le monde regarde et parle des testicules, mais que personne ne prête attention au pénis. Que les femmes ne s’intéressent pas au pénis. Que pendant l’acte, elles ne caressent que les testicules et disent « voilà, ça devrait le faire pour toi. »

Un des faits exposés qui est le plus surprenant, c’est de voir que le clitoris n’a commencé à être scientifiquement étudié que très récemment. Dans les années 90. " Oui, c’est le docteur Helen O’Connell, urologue, qui s’est rendue compte que seuls les organes génitaux masculins étaient connus. Selon elle, ça s’explique parce que la majorité des corps qui sont étudiés par dissection, viennent des prisons. Et les prisonniers sont, en grande majorité, des hommes. Après ça, les scientifiques seraient partis du postulat simpliste que le corps de la femme était simplement un miroir inversé du corps de l’homme. C’est incroyable que l’on puisse identifier le Boson de Higgs, cartographier l’ADN, mais qu’on ne connaisse pas les bases de l’anatomie féminine, c’est choquant. Et en même temps, le vote des femmes est très récent, et n’existe pas partout. Dans de nombreux pays, les femmes ne sont même pas considérées comme des citoyennes."
" Et financièrement, l’étude du clitoris ne rapporte pas. Un exemple parmi d’autre : si le clitoris était accepté et connu, l’industrie du porno s’effondrerait. Elle devrait complètement se réinventer en tout cas. Il ne serait plus question de pénis qui doivent pénétrer un trou aussi fort, aussi vite et aussi agressivement que possible. Je pense que si on ne connaît pas le clitoris, c’est qu’il y a un intérêt à l’ignorer. Quand on sait la manne financière que représente le viagra. Les gens qui veulent étudier le sujet ne trouvent pas de fond. Il y a ces docteurs français. Pierre Foldes et Odile Buisson. Ils ont réalisé des échographies du clitoris, prouvant, entre autre, que les femmes avaient aussi des érections. Et on apprend tellement aux femmes à se déconnecter de leurs corps, qu’elles ne savent même pas qu’elles ont des érections du clitoris. Le Docteur Pierre Foldes a aussi travaillé en Afrique, avec Médecins Sans Frontière, sur les jeunes filles ayant subies des mutilations. Il était le seul des médecins à se dire qu’on pouvait changer ça. Il a créé la première chirurgie pour réparer les dommages de l’excision. En fait, il expose les nerfs de la partie interne du clitoris. Et ces femmes qui n’avaient que de la douleur, ont enfin du plaisir, voir des orgasmes. On dépasse très largement le cadre de la simple sexualité. C’est une lutte contre la domination violente des hommes dans certains pays."

Mais peut-être que ce tabou scientifique n’est pas dû à une sorte de délire phallocrate plus ou moins conscient. Peut-être est-ce simplement un tabou autour du plaisir. Même les hommes connaissent mal leur plaisir. On croit encore aujourd’hui que chez l’homme, éjaculation = orgasme.
" Oui, c’est une conséquence de ce que la société nous impose de façon tacite sur nos identités sexuelles. Un homme doit être fort. Une femme doit être attirante, mais pas trop, et être un soutien émotionnel. On est tous censés jouer ces rôles. Mais en m’intéressant au clitoris, j’ai appris des choses sur le corps de l’homme aussi. Les trois événements : érection, éjaculation, orgasme, n’ont pas d’ordre particulier et ne se produisent pas toujours. Il y a une corrélation mais pas de causalité."

Mais si les scientifiques n’ont étudié le clitoris que récemment, les femmes, elles, savent que leur plaisir vient de cet organe depuis toujours. Pourquoi est-ce que certaines peuvent rester toute une vie avec un homme qui ne connaît pas le clitoris et ne pas lui dire ?
" Quand on est une petite fille, on découvre son corps et on sait quelles parties sont sensibles. Et puis, on va à l’école, et là, tout le monde parle de vagin. On étudie la reproduction et on ne parle jamais du clitoris. Partout dans la société, de toute façon, on ne parle du corps de la femme qu’en terme de reproduction. La vagin est l’organe de la reproduction, pas du plaisir.
La plupart des femmes que je connais pensent être les seules à avoir plus de sensibilité dans leur clitoris que dans leur vagin. Et je dois leur dire qu’elles font partie des 80 % de femmes qui sont comme elles. J’ai lu un numéro de Men’s Health l’autre jour, ils avaient un guide des 100 positions pour relancer sa vie sexuelle. Hormis le cunnilingus, aucune n’impliquait le clitoris."

Aujourd’hui, les hommes ont une énorme pression avec une culture porno trop et mal répandue. Tout n’est que performance pour eux. Avoir un gros pénis, durer longtemps, faire jouir sa partenaire. Quand on apprend que par stimulation du clitoris, une femme atteint l’orgasme en 4mn en moyenne, c’est un soulagement. En fait, tu te bats pour les deux sexes.
" Oui, c’est une belle façon de le voir. Je n’y avais pas pensé. Mais c’est vrai que beaucoup d’hommes pensent que certaines femmes ont du mal à venir. Alors qu’avec un vibro, il lui faudra trois minutes. Mais c’est honteux, socialement, d’avoir à toucher le clitoris. Tout simplement parce que le clitoris n’est pas impliqué dans la reproduction. La société doit être claire. Soit on ne fait l’amour que pour se reproduire, mais vous voudrez certainement faire l’amour plus de 2,3 ou 4 fois dans votre vie. Soit, le sexe est une histoire de plaisir, et alors chacun doit avoir accès au plaisir."

C’est vrai. Tout le monde considère l’être humain comme plus qu’un animal. Donc, une sexualité liée au plaisir est un signe de civilisation. Le clitoris pourrait devenir le plus grand symbole civilisationnel moderne.
" Je suis d’accord. C’est une question de liberté. Soyons honnête : le bon sexe appelle le sexe. On est satisfaite, mais on ne va pas s’éteindre, au contraire, on en voudra plus. Est-ce que les femmes détestent le sexe ? Non. Mais elles détestent le mauvais sexe. Il faut apprendre aux jeunes filles que le sexe ne doit jamais être une douleur ou même un mauvais moment. Si le sexe est désagréable, il faut juste changer de partenaire. Idem pour les petits garçons. On leur apprend surtout à ne pas mettre une femme enceinte. On devrait parler de respect, de plaisir, de respect du plaisir de l’autre. Expliquer aux enfants comment leurs corps fonctionnent, tout simplement."

Tu parles beaucoup de tabous, mais tu ne mentionnes jamais la religion.
" J’ai grandit avec une mère orthodoxe, d’origine grecque, et tu n’images pas combien de fois j’ai entendu le mot « vierge ». Vierge par-ci, vierge par-là. La Vierge Marie est la femme absolue. Et donc, puisqu’on ne peut pas devenir mère sans perdre sa virginité, on a échoué. D’emblée. La virginité est une grande injustice. Les hommes peuvent faire ce qu’ils veulent, ils restent intacts. Nous, on a droit à un seul coup. Comme une bouteille qu’on ouvre. Une fois que c’est ouvert, c’est ouvert."

Mais peut-être que si l’homme ignore le plaisir féminin, voir au pire, le mutile, ce n’est pas dans un projet phallocrate, conspirationniste. Peut-être est-ce simplement une peur instinctive. Celle des règles, de ce corps qui saigne. Celle de l’orgasme, tellement puissant.
" Bien sur. Même si je pense que la guerre fait bien plus peur qu’un orgasme. Mais le plaisir féminin est comme un océan. C’est une force créatrice incroyable. C’est une force qui donne littéralement la vie. C’est donc une réaction très primale face à cette puissance. D’après mes études, il y a 200 millions de femmes qui vivent actuellement sans clitoris. Une façon de s’assurer de la fidélité de sa femme, qu’elle soit pure et vierge le jour du mariage.



Selon toi, est-ce les choses vont dans le bon sens ? Est-ce que globalement, la situation s’améliore pour les femmes, en occident au moins ?
" Oui et non. Avec ce travail, je rencontre plein de gens qui connaissent les subtilités du plaisir féminin et beaucoup d’autres qui le découvrent et veulent l’appliquer immédiatement. Mais à chaque fois que je prends la parole quelque part, il y a toujours ces hommes qui ricanent à chaque fois qu’ils entendent le mot clitoris. Pour eux, le clitoris n’est qu’une blague. Ils ne veulent même pas écouter, ils sont surs de tout savoir. Alors que par définition, on ne sait pas ce qu’on ne sait pas. Et puis, il y a des groupes, aux États-Unis, comme les Promise Keepers, un groupuscule catholique, qui lutte pour que les hommes retrouvent leur place, qu’ils redeviennent de vrais hommes. Pas de sexe avant le mariage pour les femmes, bien sur.







Parles nous de ce rodéo de clitoris.
" C’était génial. Les seules règles étaient : vous devez respecter le clitoris et vous devez vous amuser. Et on notait les riders sur trois critères. La dextérité, le style et la générosité. C’était incroyable. Il y avait énormément de monde et personne ne savait à quoi s’attendre. Même pas nous. On a eu un homme qui nettoyait le clitoris avec son t-shirt pour sa femme enceinte de 8 mois. Certains surfaient le clitoris, d’autres faisaient du yoga. Lisaient. Fumaient une cigarette. À un moment, le clitoris s’est cassé. Ça m’a brisé le cœur. On a dit à tout le monde de partir, mais personne n’est parti. Et puis, une femme a demandé si elle pouvait quand même le chevaucher. Et en fait, ce qu’elle a fait était encore mieux que quand le clitoris était accroché au ressort. C’était très symbolique. Le clitoris n’est pas fait pour être attaché."

Nous devons éclaircir un point une fois pour toute : est-ce que l’orgasme vaginal est un mythe ou est-ce qu’il existe ?
Je suis très heureuse que tu poses la question. Fondamentalement, oui. Et non. En fait, les femmes peuvent avoir un orgasme par pénétration, mais c’est le clitoris interne qui y mène. Il faut d’abord stimuler le clitoris externe pour que le clitoris interne s’excite et devienne plus sensible. Après, bien sur, il y a des différences individuelles, donc, parlez avec votre partenaire.

SANS TITRE

" Toute une série de religions et de sociétés culpabilisent le plaisir et diabolisent le corps; et les femmes (et leur sexe) sont généralement considérées comme encore plus impures et plus sales que les hommes. Il est donc plus difficile pour elles d'être profondément bien dans leur peau, au point que certaines femmes ont véritablement honte de leur sexe :
Elles ne le regardent jamais et ne le touchent jamais, sauf, éventuellement pour y mettre un tampon.
Elles n'ont donc de contact avec leur sexe que par l'intermédiaire de leur petit ami, et sont donc sexuellement dépendantes de lui.
Cette dépendance est une conséquence, (comme la dépendance financière ou physique par exemple) d'une répartition cloisonnée, inégale et aberrante des rôles inculqués aux hommes et aux femmes dès la petite enfance. On apprend explicitement et implicitement aux enfants "ce que doit être une femme" et "ce que doit être une homme", les faisant grandir dans l'une ou l'autre direction selon leur sexe. Cette différenciation est si culturellement intégrée qu'elle parait naturelle, mais elle ne l'est pas, elle a été apprise et peut donc se désapprendre…
L’égalité des sexes est loin d’être acquise et pour y accéder, il faut, entre autres, que les femmes se réapproprient leur corps, jusqu’ici soumis au patriarcat.
Femmes de tous les horizons, libérons-nous !"

Dessin et texte de Léa
http://leanarchie.over-blog.net/pages/Feminisme-945756.html

jeudi 2 janvier 2014

2013 / 2014



Comme la source intarissable, douce et timide apparait soudain ... Comme le torrent indomptable et joyeux crée son chemin ... Comme la rivière tranquille ou tumultueuse chavire son lit ... Comme le fleuve généreux et puissant nourrit nos cultures ... C'est un océan de plaisir et de bonheur que je nous souhaite chaque jour , chaque nuit de cette nouvelle année ... Que 2014 vogue sur l'amour universel ... Bonne Année !