dimanche 15 décembre 2013

INTERVIEW POUR N'JOY PLEASURE

« L’éjaculation féminine : accomplissement de la féminité la plus subtile »

INTERVIEW de KRISS pour N'Joy Pleasure

Entretien avec Marie-Noëlle Lanuit, Secret de Fontaine.
S’il est des personnes qui méritent d’être rencontrées, Marie-Noëlle Lanuit en fait partie ! Nos activités nous ont amenés à nous entretenir avec cette spécialiste de la sexualité féminine, et entre autre des femmes fontaines.
Rencontre avec une femme à la voix suave et rassurante, dont les mots et la maîtrise du sujet accompagnent ses consœurs dans leur épanouissement, et pousseraient le plus viril des hommes à vouloir renaître en femme !



 ‘’ Les sextoys sont un empêchement de se toucher soi-même ‘’. Les mystères de l’édition internet sont impénétrables. Cette petite phrase, parmi tant d’autres a été sortie de son contexte et retenue comme ‘pitch’ de ton excellente interview par Audrey Villate pour Le Nouveau Montpelier. En tant que distributeur de sextoys, évidemment, cela ne pouvait que nous interpeler. Nous ne pouvions rêver meilleure occasion pour creuser quelque peu le sujet !

Avant d’attaquer dans le vif du sujet, et pour mieux comprendre ta démarche, peux-tu nous faire une petite présentation de l’étendue de tes activités ?

En dehors des consultations individuelles, j’organise depuis 1 an les « Salons Féminins ». Je parle de la sexualité des femmes autour d’un dîner, et la rencontre est rythmée par des échanges, des partages sans tabou ni provocation. Nous abordons simplement et librement les thèmes de la sexualité, notre corps, notre point G, l’éjaculation féminine, et notre pouvoir orgasmique dans son ensemble. Ces salons connaissent un franc succès, avec une vingtaine de participantes à chaque fois (maximum, afin de préserver la qualité d’écoute et d’échange). En 2014, je lance également les « Ateliers Secret de Fontaine », dont le premier aura lieu en principe fin janvier à Montpellier.

Ce ne sont pas les sexothérapeutes qui manquent, mais à ma connaissance, tout du moins en France, ta spécialisation est unique. Pourquoi avoir misé sur cette niche ?

Tout d’abord, il faut bien comprendre que l’on est dans une recherche d’un « mieux être », ce qui n’entre pas vraiment dans le cadre d’un sexothérapeute. Ensuite, il y a une réelle demande de la part des femmes, car elles ont envie de travailler sur leur corps, leur plaisir, et d’expérimenter. Si j’ai misé sur cette niche, c’est avant tout car je me suis passionnée pour ce phénomène que j’ai découvert moi-même avec la masturbation, en explorant mon corps. J’ai alors fait de multiples recherches, entre autre sur internet, et me suis rendue compte qu’outre une profonde méconnaissance, on trouve énormément d’aberrations.
Il y a encore aujourd’hui beaucoup trop d’obscurantisme sur le plaisir féminin !

L’accueil du public est-il à la hauteur de tes espérances ? Peux-tu nous décrire la participante type de tes réunions ? Peut-on partir du principe que tu agis auprès de femme extrêmement libérée ou au contraire, de femmes en manque d’information sur leur sexualité ?

Ce qui est génial c’est justement qu’il n’y a pas de participante type ! Il  y a tous les âges, de 17 à 77 ans. Je vois autant de femmes libérées que d’autres qui ne connaissent pas leur corps, ou des mères qui viennent avec leurs filles car elles-mêmes ont du mal à leur parler sexualité. D’une manière générale, les femmes viennent surtout par curiosité ou par manque d’information, d’éducation.
Ce que je constate de plus navrant dans l’éducation sexuelle des femmes, c’est queles mots « plaisir » et « consentement » n’existent pas alors qu’ils sont les plus important.

Pour entrer dans le vif du sujet, on sait maintenant que l’éjaculation féminine n’est pas un mythe, mais il a encore beaucoup de « mystères » autour de cela, et de nombreuses  femmes semblent douter de leur capacité à y parvenir. Qu’en penses-tu ?

Il faut d’abord bien intégrer le fait que ce n’est absolument pas une performance ou une qualité ! Je pars du principe que toutes les femmes peuvent éjaculer, tout simplement car les femmes aussi possèdent une prostate, et la stimulation de la zone du point G appuie sur la prostate et déclenche le processus d’écoulement.
Le gros problème quant aux doutes des femmes sur ce phénomène vient avant tout du lâcher prise ! On vit une époque où tout est contrôlé, et du coup on doute surtout de sa capacité à se laisser aller et écouter son corps, à lâcher prise, ce qui est une composante fondamentale pour connaître l’éjaculation féminine.

On a tendance, notamment à cause de la multiplication des vidéos pornographiques, à associer éjaculation féminine et orgasme. Est-ce indissociable, ou doit-on plutôt aborder cela comme une autre forme de plaisir ?

Sans dire que cela soit indissociable, mais c’est étroitement lié.
On peut avoir des orgasmes tout à fait satisfaisants sans éjaculer, mais il arrive aussi que les femmes aient un très léger écoulement chaud au moment de l’orgasme : elles éjaculent sans même s’en rendre de compte…
L’éjaculation féminine, c’est une autre forme de plaisir, une sensation de plénitude, qui, conjointement au lâcher prise, est extrêmement libératrice. A ce moment-là, la femme se sent vraiment en pleine possession de son pouvoir orgasmique, c’est l’accomplissement de sa féminité la plus subtile !

Tant que nous en sommes à ‘’l’éducation’’, t’est-il arrivé de proposer certains accessoires ou toys, je pense notamment aux boules de Geishas, pour une rééducation pelvienne, ou pour lutter contre une sècheresse vaginale ?

Boules de GeïshaOui, bien sûr ! D’ailleurs les boules de Geisha ne servent pas seulement à la rééducation, ce sont des jouets aux multiples possibilités. 
Les vibromasseurs quant à eux sont de véritables starters qui donnent accès à l’orgasme rapidement et simplement, et peuvent également intégrer facilement les jeux érotiques de couple.
En ce sens, c’est formidable que les sextoys se soient démocratisés, ça a levé certains tabous et va dans le sens de la libération. Malgré tout, rien ne remplacera jamais la main pour vraiment connaître son corps. Beaucoup trop de femmes utilisent des sextoys sans jamais avoir exploré leur intimité avec les doigts.

Je sais que ton implication est très forte et principalement axée vers les femmes. Au contraire des hommes dont il est de notoriété publique qu’ils sont adeptes de la masturbation, très rares sont les femmes à avouer se masturber ou même se caresser. Comment expliquer ce phénomène ?

Justement, j’en parle beaucoup aux Salons Féminins.
Le gros paradoxe de notre société est que tout est sexualisé, mais personne n’en parle car on ne sait plus parler de sexualité. C’est d’autant plus vrai pour la masturbation féminine, on n’en parle pas assez voir pas du tout.
Par exemple, un père va généralement avoir une certaine fierté que son fils se touche, alors que pour une fille, on va lui dire que c’est sale, ce n’est pas bien, ont créé un vrai blocage. 
Freud a inventé l’orgasme vaginal et l’a déclaré comme étant le seul valable. On entretien la croyance que toutes les sensations doivent venir de l’homme et de son pénis. Or le seul va et vient d’un pénis dans le vagin ne donne pas un plaisir menant à l’orgasme.

Chez N’Joy-Pleasure, nous sommes persuadés que la jouissance, sous toutes ses formes, est le remède à bien des maux de notre société. As-tu des retours à ce niveau auprès de tes clientes ?

Effectivement, je termine toujours mes conférences dans une dimension plus spirituelle. Les sourires en disent long lorsque j’explique que nous les femmes, nous pourrions changer le monde, libres de notre pouvoir orgasmique.
Je prends souvent l’image de la Fée Clochette : Chaque orgasme est un nuage de poudre magique qui se disperse et se propage.

Au même titre, nous savons d’expérience que les sextoys, comme la lingerie coquine sont d’excellents produits pour optimiser son plaisir, voire re-booster la libido du couple. Quel est ton sentiment sur le sujet ?

Ma première recommandation aux couples en perte de libido, c’est déjà de se redonner des rendez-vous amoureux, fixes, qui vont réinstaller une envie, un désir de l’autre. Il est primordial de conserver des rendez-vous tendresse où l’on se redécouvre.
Dans cette démarche, tous les accessoires sont bons à prendre. Ils contribuent à l’excitation : le fait d’imaginer l’utilisation qui va en être faite, c’est déjà être dans la réalisation de l’acte érotique.
Mais tout cela ne fonctionne que si une femme le fait pour elle, pas uniquement pour son partenaire. Se parer de belle lingerie n’a d’intérêt dans cette démarche que si elle se trouve belle, et pas seulement pour faire plaisir à l’autre.

Peux-tu nous parler de la pochette ‘‘N’Joy-Secret de Fontaines’’ que tu as décidée de proposer à tes clientes ? Comment as-tu défini tes choix de produits et pourquoi ?

Pochette sextoys Secret de fontaineJ’avais des exigences toutes particulières, vous vous êtes d’ailleurs bien tiré les cheveux ! [rires]
Concernant les boules de Geïsha, elles permettent de multiples jeux, mais à condition qu’elles respectent certaines spécificités, entre autre que la ficelle reliant les deux sphères soit assez souple et longue.
Boules de geïsha et mini vibromasseur Secret de fontaineLe vibro quant à lui ne devait pas ressembler à un vibromasseur tel que l’on en voit souvent. Je voulais qu’il soit simple et discret, que l’on puisse l’emmener partout. Pour ce qui est de ses fonctions, une simple vibration forte suffit, puisqu’il est avant tout dédié à la masturbation clitoridienne.

Le mot de la fin sera pour toi. Quel message voudrais-tu transmettre à toutes les femmes mais aussi tous les hommes qui liront cet entretien ?

Tout d’abord merci pour votre intérêt et vos questions. J’aimerais conclure en rappelant que l’art du plaisir sexuel est un long apprentissage. Il passe avant tout par la découverte et la connaissance de son corps et par son érotisation et s’il n’y a pas de cours pour ça, il nous appartient de devenir explorateur, chercheur et découvreur. Au fil de nos expériences, de nos sensations, de notre écoute et de nos lâchers prise, nous construisons cet épanouissement.
Pour finir, je vais citer ce proverbe indien : « Fais du bien à ton corps pour que ton âme ait envie d’y rester… » C’est à chacun d’entre nous de trouver notre chemin, et quel merveilleux voyage…



Les photos sont réalisées par Miss Buffet Froid , Photographe, Coach, Intervenante, Performeuse, Web Reporter
06.20.32.37.98
Lunel, Montpellier et Grand Sud
www.missbuffetfroid.com / www.votrecoachphoto.fr


vendredi 13 décembre 2013

VULVE GÉANTE POUR BALLON ROND ...

Une vulve géante pour accueillir la coupe du monde de football au Qatar en 2022 ... Un peu de parité dans une architecture mondiale dominée par les gratte-ciel phalliques ;-)

Imaginez, 40 000 supporters majoritairement mâles , d'un des sports les plus machistes , dans une immense vulve , regardant des joueurs comme des petits spermatozoïdes qui courent pour shooter dans un ovule ... Dans un pays hyper religieux où la place des femmes est loin d'être une priorité ... Rigolo ! 















Ce stade démesuré est inspiré des boutres, ces voiliers arabes traditionnels qui étaient autrefois utilisés par les pêcheurs de poissons et de perles.  





jeudi 12 décembre 2013

JE NE RESSENS RIEN ... LOUISE 17 ANS

Contactée par Daisy pour répondre à Louise

sur le blog étudiant "Qu'est que j'en sexe" : 

Je ne ressens rien quand je fais l’amour… C’est normal ?

monsieur_peureuxM
« Je suis avec mon copain depuis 4 ans et je l’aime beaucoup. Nous avons des rapports depuis 3 ans mais le problème c’est que je ne ressens absolument rien. Ce n’est pas désagréable mais le fait que je sois incapable de ressentir quelque chose me pèse et pourrit notre vie amoureuse. Même seule, bien que j’arrive à me donner du plaisir clitoridien, je n’atteins jamais l’orgasme. Est-ce que je suis normale ? »
 Louise, 17 ans

CE QU’ILS EN PENSENT :
Baptiste, 23 ans : « Cela va de soi mais on ne sait jamais : est-ce que tu as bien pris soin de discuter de cette situation avec ton copain ? Quand ça ne fonctionne pas, c’est important de dialoguer et de ne pas rester seule dans ton coin à psychoter… Peut-être qu’en discutant, ça débloquera quelque chose. »
Marie, 21 ans : « Je pense que ce n’est pas une question de normalité… Apprivoiser son corps et sa sexualité prend parfois un peu de temps, à chacun son rythme et ses envies. Une chose est sûre : si tu vis mal la situation, parle avec ton partenaire et change les choses, ne reste pas comme ça. »

L’AVIS DE NOTRE EXPERTE : Marie-Noëlle LANUIT, sexothérapeute et spécialiste du plaisir féminin.
Bonjour Louise,
Votre trouble est partagé par de nombreuses femmes et l’âge n’y change rien. A force le lire dans les magazines et de voir des femmes jouirent facilement dans certains films (systématiquement et de manière très démonstrative), beaucoup se sentent frustrées de ne pas vivre cette extase.
Mais sachons déjà de quoi nous parlons et ne confondons pas orgasme et jouissance : deux extases sexuelles si différentes.
L’ orgasme est une réaction du corps très mécanique. Quand je parle d’orgasme, je parle de cette sensation très électrique, comme aigüe et très furtive (quelques secondes seulement) dont le clitoris est l’unique déclencheur. Rappelons que le clitoris possède 10 000 terminaisons nerveuses. Le plaisir que vous dites ressentir quand vous jouez seule en caressant votre bouton de rose est certainement un orgasme. La stimulation du clitoris entraîne une série de contractions rapides des muscles du périnée et des organes génitaux ; ces contractions peuvent être très subtiles, presque imperceptibles. Tout cela s’accompagne également d’un changement du rythme cardiaque. Effectivement ça n’a rien à voir avec les longues minutes de râles cinématographiques…
La jouissance est très différente, c’est une sensation plus érotique, plus diffuse et plus sourde, comme une douce vague de chaleur ressentie dans le ventre et parcourant le corps. Elle peut durer plusieurs minutes sans passer par un point culminant de plaisir. Je pense qu’elle s’acquière au fil des expériences et surtout lors de rapports sexuels commençant très lentement, à base de caresses, de massages, de communication et de complicité. Elle n’a pas de marqueur physiologique contrairement à l’orgasme. En fait, il y a très peu de terminaisons nerveuses dans le vagin, donc il est tout à fait fréquent que des femmes ne ressentent pas forcément grand chose avec les « va-et-vient » d’un pénis.
Vous êtes au tout début de votre vie sexuelle, alors pour répondre à votre question : oui vous êtes tout à fait normale car, en réalité, il n’y a pas de normes ! Certes, il y a des statistiques mais souvent sur des enquêtes peu fiables, où les résultats aiment se calquer sur des représentations fausses.
L’art du plaisir sexuel est un long apprentissage qui passe avant tout par la découverte et la connaissance de son corps, par son érotisation et il n’y a pas de cours pour ça.
C’est à chacun d’entre nous de trouver notre chemin, et quel merveilleux voyage…

LE BON AVIS TRENDY :
Encore une fois, il n’est pas question d’être normale ou anormale… Concentre-toi d’abord sur tes désirs sans chercher à te comparer aux autres. Tu dis que tu ne ressens rien mais que ce n’est pas désagréable : tu ressens donc bien quelque chose ! Tu dis même que tu parviens à te donner du plaisir mais pas à atteindre l’orgasme… Et alors ? Atteindre l’orgasme n’est pas une fin en soi ! Evidemment, à force d’en entendre parler, ça donne envie de passer par là. Mais inutile d’en faire une quête absolue. Tu prends le risque d’être déçue à tous les coups. Commence par faire le plein de sensations, avec un peu de chance (et d’expérience), peut-être que tu toucheras le graal du bout des doigts… 
EN BREF : « Le Graal est polymorphe, chacun porte en soi son Graal tel qu’il l’imagine et le cultive. » J.C. Payen, 1981
Daisy

jeudi 5 décembre 2013

PÉNIS ATLAS

Pour une fois (et d'autres) parlons des hommes et regardons leur pénis ! Tout comme les vulves , ils sont aussi variés et uniques que les visages ... 

PÉNIS ATLAS : VOIR ET MONTRER

Qui veut voir des pénis ? 
La question n'est pas si évidente. Quand j'ai reçu le Pénis Atlas (éditions Le Contrepoint) au bureau, ça n'a pas loupé : tous les garçons sont venus me dire que c'était dégoûtant et que je devais être bien malheureuse qu'on m'oblige à me farcir cette littérature et surtout les photos qui l'accompagnent (merci mais ça va). Je m'attendais à quelques vannes, mais pas à ce déferlement... 
Quel est le problème des hommes avec les pénis ?
Et plus précisément : quel est leur problème avec le pénis des autres ? 
A la question : "trouves-tu ton propre pénis dégoûtant ?", aucun collègue ne répond par l'affirmative. Ils sont contents de leur pénis mais ne veulent pas en voir un autre, même pas sur papier.
(Je ne parle pas des collègues de GQ, qui sont délicats comme des porcelaines vénitiennes, mais des collègues de bureau partagé au Danemark.)
Il y a l'affirmation forcenée de son hétérosexualité : besoin de la dire au boulot, de la gueuler à la cantonade, de la répéter à moi en tant que femme - comme s'il fallait me rassurer. Cette affirmation passe par un rejet esthétique "objectif" du pénis, qui serait "objectivement" moche. Sur quels critères ? Le livre présente des photos de cent pénis différents : est-ce qu'ils peuvent être TOUS moches ? Allons donc.
J'insiste encore un peu sur cette scène de bureau étrange mais la haine du pénis est tellement banale que je voudrais m'étendre sur la question. Est-ce que mes collègues se sont rendus compte de la violence symbolique de leurs paroles ? Si les pénis sont dégueulasses et que je les aime, mon désir n'est-il pas illégitime ? Si les pénis sont dégueulasses et que je les touche, et que je les mets dans mon corps, cela ne fait-il pas automatiquement de moi une personne dégueulasse ? Est-ce que ça ne dérange personne de me dire que je suis bien conne d'être hétéro ? Sans parler des gays ?
Il doit y avoir moyen de donner son opinion ("je trouve les pénis moches") sans rappeler à la moitié de l'humanité que ses préférences sont risibles / illégitimes ("les pénis SONT moches").
Et même dans le cas d'une opinion, ce serait pas mal de se remettre en question : on n'a pas affaire ici à un choix esthétique. C'est culturellement que le pénis est dégoûtant. C'est appris. C'est répété. C'est un cliché. Personne ne peut m'expliquer POURQUOI les pénis sont moches - c'est de la soumission aux codes dominants.
Bref, on retrouve ici cette hétérosexualité masculine très spéciale, très codifiée : construite sur le désir des femmes, certes, mais aussi sur le rejet du corps des hommes. Au passage, quand on se sent "naturellement" dans le camp du bon goût, parce que les pénis sont "objectivement" moches, ça s'appelle un privilège.
En somme, quand mes collègues ont cette réaction viscérale (mais pas du tout naturelle), j'assiste pour la millième fois au concours de bite de qui sera le plus hétéro. Pour résumer : le concours de bite de ceux qui détestent les bites.
Franchement, des fois, les garçons sont hilarants.
Bref. Le Pénis Atlas est un ouvrage d'origine norvégienne (mais adapté en version française) qui présente beaucoup plus que 600 photos de pénis (cent hommes photographiés trois fois au repos et trois fois en érection) : on y trouve de l'histoire, de la religion, de la science, des témoignages, et une grosse foire aux questions qui répond à quasiment tout ce qui pourrait vous passer par la tête. Sur 230 pages, seules un tiers sont consacrées à de la photographie systématique. On ne verra aucun visage. Juste les sexes. Tous très identifiables et uniques. On sait qu'il a été difficile de faire bander les modèles. Qu'ils ont souvent refusé d'être photographiés. Que justement c'est encore tabou.
Le projet est ambitieux, bourré de courbes, d'informations diverses et bien sûr d'images - une accumulation qui permet de prendre du recul, de se faire une opinion propre, de sortir du "dégoûtant".
C'est justement parce que leur réaction a été si épidermique que mes collègues auraient dû ouvrir le bouquin, tout seuls, dans leur coin, sans se faire de cinéma. Regarder, observer, comparer, bref développer une pensée critique et esthétique réelle. Si on déteste les pénis, très bien. Mais qu'on me dise enfin pourquoi.

dimanche 1 décembre 2013

LES 400 VULVES DE JAMIE McCARTNEY

"La grande muraille des vulves" 

une oeuvre en 10 panneaux , une sculpture murale monumentale du plasticien britannique Jamie McCartney.  Une vision fascinante et révélatrice , très loin de la pornographie ou de l'art érotique, son travail se veut avant tout éducatif. 

"Ce n'est pas vulgaire , juste des vulves" , explique l'artiste . "L'art crée la conscience sociale et veut inviter les gens à s'arrêter, à regarder, à s'interroger. Il s'agit de capter l'attention  pour éduquer et montrer aux femmes qu'elles ressemblent vraiment à la normale. Pour beaucoup trop d'entres elles, leur apparence génitale est une source d'anxiété et j'étais dans une position unique pour faire quelque chose."

L'artiste a fait des moulages de vulves sur des femmes bénévoles de 18 à 76 ans, entre autres des jumelles , des transgenres, des mères et filles, d'autres avant et après un accouchement. 

Décrit comme "les Monologues du Vagin de la sculpture" cette pièce se veut destinée à changer la vie des femmes pour toujours.

La vulve et les lèvres sont aussi différentes que les visages. McCartney espère que ce travail aidera à lutter contre la croissance exponentielle de ces dernières années des labiaplasties ou nymphoplasties. Cette façon de créer des sexes parfaits marque une tendance inquiétante où l'esthétisme et les pratiques sexuelles sont malheureusement calquées sur la pornographie par manque d'une réelle éducation sexuelle.